“déliquescence | viktor”

La plus vielle réminiscence était celle de murs blancs, d’une fenêtre aux rideaux volant, et d’un homme en blouse blanche, caressant tendrement le dos d’une femme aux joues inondées de larmes. Viktor avait passé du temps entre ces murs, le regard perdu par la vitre qui dévoilait elle aussi un monde immaculé, la neige comme disait sa mère, et pourtant, elle ne lui donnait pas tant d’envie. Fut-ce en été, que son cœur lui exprima l’envie d’aventure, le soleil et la verdure dévoilant enfin à l’enfant d’exquise couleurs, et il semblait si heureux, de voir que le monde n’était pas que blancheur éternelle. Pourtant, l’homme à la blouse lui interdit de sortir : « tu es trop faible, trop fragile, soigne-toi, et peut-être qu’un jour, tu pourras. » Et le pauvre blond avait seulement baissé les yeux, triste.

Sa génitrice, d’une grande bonté, lui apportait bien souvent des livres, ou autres occupations. Et Viktor, comme embrasé d’une passion nouvelle, ne pensait plus au monde de dehors qu’il ne pouvait explorer, mais aux héros de ses bandes-dessinés. Il voulait, lui aussi, rendre les gens heureux.

Mais c’était impossible, simplement impossible.

C’était en hiver, il avait maintenant la quinzaine, que sa mère rejoignit le ciel, mais en grand homme, son père vint le voir, régulièrement, et parfois, il avait enfin des permissions pour sortir de l’hôpital, et rentrer ainsi chez lui, avec son paternel. Il en était heureux, et saisissait sa chance de pouvoir vivre avec grandeur et beauté les derniers instants qu’il lui était offert.

C’est à ses vingt ans, que sa maladie fut vaincue, les pilules étaient réellement de belles choses pour les gens, qui comme lui, passait la vie à croupir dans un hôpital. Et pourtant, jamais son rêve de devenir un héros fut possible. Mais Viktor n’était pas des plus malheureux, chanceux de vivre, il ne vit sa vie changer qu’à la prise d’une pilule rouge, pour voir enfin, sa vie, devenir son rêve.