“Groupes”

Et voilà, tu l’as pris. T’as choisi la rouge. Et tu pensais que ça allait rien faire. T’as pas voulu croire au miracle, seulement voilà. Tu le sens, n’est-ce pas ? Le monde commence à se métamorphoser devant toi. Le monde a de nouvelles couleurs, de nouveaux accents. C’est différent. Mais c’est pas le monde non. C’est toi. C’est ton corps, ou quelque chose de plus subtil de plus nécessaire aussi. C’est aléatoire, enfin ça semble l’être, mais tu te sens différent. Tu es capable de maîtriser ta force d’utiliser avec exactitude tes muscles sans qu’ils s’endommagent, même si tu forces un peu trop. Ou ça peut être différent. Parfois tu sais, les gens se souviennent, mais de tout, de leur naissance jusqu’à maintenant. De tout ce qu’ils ont vu, entendu, senti. Parfois c’est de la synesthésie, tu sais cette capacité qui fait voir les odeurs en couleur ? D’autres fois encore c’est l’équilibre et la souplesse et maintenant t’es capable de marcher sur une corde raide à soixante mètres au dessus du sol sans jamais tomber parce que t’as le contrôle. C’est beaucoup de choses. C’est varié. Ici c’est ton corps que tu sembles maîtriser.


Maintenant t’es extraordinaire tu sais, un héros. Un vrai de vrai. Le genre à faire la une des journaux. Le genre à devenir médaillé d’or, à sauver des mômes dans des baraques enflammés ou tout simplement le genre à grimper sur les façades des buildings sans que l’effort ne te semble insurmontable. T’es comme un super héros, t’as changé, tu le sais, mais n’est-ce pas frustrant de constater que ton entourage à toi ne peut pas comprendre ? Qu’il est si banal ? Ou alors ça te plaît. Ça te plaît plus que tu veux l’avouer. Tu fais plus parti des ordinaires, toi t’en fera plus jamais parti et c’est ainsi.

Et voilà, tu l’as pris. T’as choisi la bleue. Et tu pensais que ça allait rien faire. T’as pas voulu croire au miracle, seulement voilà. Tu le sens, n’est-ce pas ? Le monde commence à se métamorphoser devant toi. Ou alors c’est toi, c’est toi qui change. Le monde a de nouvelles couleurs, de nouveaux accents. C’est différent. Mais c’est pas le monde non. C’est toi. En l’occurrence ton cerveau, ce petit truc qui contrôle tout ton corps. Tu sais pas pourquoi mais d’un coup t’es capable de comprendre quelque chose qui te semble simple maintenant, mais qui te semblait impossible jusqu’à hier. Ça peut être la musique, la physique, les mathématiques, les chiffres, les lettres, les rimes, les mots, les langues, la chimie, la cuisine etc etc. C’est différent pour tout le monde, toujours différent, pas aléatoire, parce que tu vois c’est comme si ce truc savait que ça te plaisait un peu quand même avant.

Maintenant t’es un génie tu sais. Un vrai de vrai. Le genre à faire la une des journaux. Le genre à trouver des remèdes à tout et peut-être la pauvreté, qui sait ? T’es un génie, t’as changé, tu le sais, mais n’est-ce pas frustrant de constater que ton entourage à toi ne peut plus te suivre ? Ou alors ça te plaît. Ça te plaît plus que tu veux l’avouer. Tu fais plus parti des ignorants, t’en fera plus jamais parti et c’est ainsi.