“Blue lights carve my chin. Red lights sink on my skin (P.V Elliot)”
Messages : 22 Date d'inscription : 02/04/2017 Zao Cheung
rouge
Zao Cheung
Dim 9 Avr - 13:12Zao Cheung
Well, there’s some place, I know it’s not quite clear There is a place I can only say that it’s not right hereJ'ai bien peur de ne pas comprendre ... vous êtes sûrs que c'est moi que vous voulez, ici ? Vous feriez mieux de boire votre foutu café et de vous la fermer. Vous ne savez décidément pas parler aux femmes officier. Ça ne m'étonne pas que votre vous ait quitté.
Il me regarde avec des yeux ronds, blancs et bleus comme ceux de tout typique américain blessé dans son orgueil. J'ai envie de les lui griffer, lui, qui me regarde comme étant une catin de bas fonds tandis que lui, luit dans son bel uniforme sorti pour l'occasion. Et quelle occasion ... une descente dans un casino, aller, embarquons ce qui nous tombe sous la main. Clients : on en prend deux ou trois, mais pas plus, ils ont de l'argent de l'influence. Serveurs : quatre, ils ont l'air suspects. Personnel annexe : une dizaine zou ! travailleurs illégaux à coup sûr ! Patron : Ah non, lui, on ne touche pas. Croupiers : moi. Seulement moi alors que j'avais fini mon service et que je m'apprêtais à allumer ma cigarette à une rue d'ici. Le gyrophare a agressé mes yeux en manque de repos, j'ai vu dans un clignement et une grimace à peine voilée deux policiers sortir et me demander de les suivre. Et dire qu'il y a une semaine de ça, je me prélassais dans un de ces hôtels chics, avec cette vue sur la ville accordée par une terrasse au plancher magnifique, perdu sur une colline artificielle ...
Je me souviens encore de son bras autour de mes hanches, de cette lumière orangée me donnant des envies de palabres aux mots étoilés et ... de passion charnelle. Ma robe noire tranchait avec le faste des robes auréolées de bijoux de certaines croqueuses ou femmes dites mariée. Certaines me regardaient même de cet oeil malsain que l'on a quand on fixe ce qui n'est pas comme nous; envie; jalousie. Il me prenait contre lui, me présentait encore et encore comme à son habitude. Mes mains étaient baisées, on se réjouissait de me revoir. Sauf un homme que je n'avais pas remarqué en arrivant. Rousseur d'un soir, c'était sans doute lui la lumière orangée qui dans son sillage avait attisé mes appétits les plus secrets. Je le voyais dans un coin, deux étages plus bas nous regarder aller et venir. J'aime le orange. Et j'aime les Sex on the Beach. Mais ce soir là c'était un Zero Absolu que je buvais à petites doses. Le froid de la liqueur de menthe stoppait net mes frissons les plus intimes et ainsi je pouvais de nouveau me focaliser sur ce pour quoi j'étais venue, ici, sur ces planches : être une call girl. Et quand j'eus fini de me montrer, quand sa main m'eut lâché et que sa bouche glissa quelques mots à mon oreille, je pris mon mal en patience; c'est à dire en m'accoudant à nouveau au rebord de la terrasse pour regarder la ville. Mes doigts se mirent à flirter avec ma parure, puis la peau nue découverte par la tranche de mon décolleté. Nos regards s'étaient à nouveau croisé quand je pris un nouveau cocktail. À cet instant, je savais.
Je savais que je me retrouverai ici, à regarder mes ongles avec ces yeux emplis d'ennui, mes jambes croisées et un policier que je pourrai blesser dans son orgueil. Je remonte le col de mon chemisier et me fait une beauté devant la vitre teintée de cette cellule de garde à vue, je m'amuse même à faire des sourires, bien que je ne sache pas qui se trouve derrière cet écran de fumée. "Vous êtes toujours vexé monsieur l'officier ?" Pas de réponse. Je tapote mes ongles vernis sur le verre dans un rythme léger et fugace. "Je m'excuse. Vous savez pertinemment que c'est la vérité et je n'ai fait que retourner le couteau dans la plaie. Mais dites moi ..." Je m'approche de lui, de son regard mauvais et empreint de mépris envers ma personne. Je touche sa médaille. Il sursaute. "... Ne voulez-vous pas qu'une autre femme se sente vibrer en lisant vos mots, en voyant ce bouquet au pied de sa porte ?" Nos yeux se rencontrent enfin. J'arbore mon plus beau sourire. Celui qu'ils aiment tous : doux, apaisant, empreint de patience. Ses épaules se détendent autant qu'elles tressautent quand il voit avec quelle agilité je retire sa médaille. "Voir des roses blanches, rouges, c'est mièvre, mais doux. Et cela nous permet d'aimer à nouveau, de sentir que l'on peut encore se faire aimer. N'êtes-vous pas d'accord ?" Sa respiration devient plus saccadée, il ne cesse de me fixer. Et je fais de même, je n'avance pas, ne recule pas, mais ma bouche embrasse la médaille; lentement. Très. Lentement. Et mon rouge à lèvres tâche le doré factice de cet insigne. "Un petit porte bonheur. Ou un souvenir, si vous voulez un jour me revoir ..." Il déglutit. J'ai les clés. Il n'a rien vu. La caméra non plus au vu de mon angle d'attaque. Mes acouphènes se sont un peu calmés, mais ne me dérangent pas plus que ça, au vu du silence dont fait preuve l'officier. Et je glisse ma possible carte de sortie au creux de mes reins avant de retourner m'asseoir, toujours suivie de près par son regard devenu un peu plus ouvert à mes principes. Malheureusement, notre petit rendez-vous s'arrête à l'instant même où la porte s'ouvre. "Vous venez me dire que tout est en règle et que je peux rentrer chez moi donc ?"
